Congrès 2014 (Nantes)


Détails de l'événement

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Congrès des 13, 14 et 15 juin 2014 à NANTES

Vendredi et samedi : salle des conférences du Westotel à la Chapelle-sur-Erdre
Dimanche : à Nantes et au château de Goulaine

Vendredi 13 juin 2014

MATIN

  • 08h30 – Accueil, exposition d’ouvrages
  • 09h00 – Accueil des Congressistes
    • Yann Kergall, président de l’Association Bretonne et ouverture du Congrès
  • 09h15 : Ce Breton nommé Jules Verne
    • Jean Yves Paumier, chancelier de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire
  • 10h15 : L’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire : historique et activités
    • Noëlle Ménard, secrétaire générale de l’Académie
  • 11h00 à 11h15 – PAUSE
  • 11h15 : Les filières aéronautique et navale de l’industrie en région nantaise
    • Yves Becquet, conseiller entreprises de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Nantes et Saint Nazaire
  • 12h30 – Déjeuner au Westotel

APRES-MIDI

  • 14h30 : Jean Peltier-Dudoyer, un armateur Nantais
    • Tugdual de Langlais, membre de la Société d’Histoire de l’Ile Maurice
  • 15h45 : Apogée et déclin des grands voiliers nantais
    • Michel Germain, administrateur de l’Association Bretonne
  • 17h00 : La réunification administrative de la Bretagne
    • Jean-François Le Bihan, président de l’Association Bretagne Réunie
    • Alain-Francis Peigné, vice-président

18h00 – ASSEMBLEE GENERALE de l’Association Bretonne, suivie d’un cocktail dînatoire au WESTOTEL


Samedi 14 juin 2014

MATIN

  • 09h00 : L’enseignement catholique dans le diocèse de Nantes
    • Hervé Bonamy, directeur diocésain de l’enseignement catholique du Diocèse de Nantes
  • 10h00 : Jules Rieffel et l’Ecole d’Agriculture de Grand-Jouan (1830-1880)
    • Michel Germain, administrateur de l’Association Bretonne
  • 10h45 à 11h00 – PAUSE
  • 11h00 : Le tombeau des Ducs de Bretagne
    • Sophie de Gourcy, professeur d’histoire de l’art
  • 12h30 : DEJEUNER au Westotel

APRES MIDI

  • 14h30 : Les représentations d’Anne de Bretagne
    • Didier Le Fur, historien
  • 15h45 – 17h : Quelle Bretagne dans un monde ouvert ?
    • Bernadette Malgorn, ancien préfet de Région
  • 17h00 à 17h15 – PAUSE
  • 17h 15 : Paul Ladmirault, un compositeur breton
    • Paolig Ladmirault,conférence et pièces de piano

Dimanche 15 juin 2014

  • 09h30 : Rendez-vous autour du tombeau des Ducs de Bretagne dans la Cathédrale
  • 10h00 : Messe à l’attention d’Anne de Bretagne
  • 11h15 : Visite du château des Ducs de Bretagne : extérieur et cour intérieure
  • 13h00 : Déjeuner au château de Goulaine
  • 15h00 : Visite du château, du musée LU et de la volière aux Papillons
  • 17h00 : Dispersion

Synthèse des interventions

Jean-Yves Paumier – Ce Breton nommé Jules Verne

[Jean-Yves Paumier est chancelier de l’académie littéraire de Bretagne et de Pays-de-Loire ; il est aussi l’auteur du livre récent « la Bretagne pour les nuls« ]

Jules Verne est un auteur très connu des enfants ; qui n’a pas lu une dizaine de ses romans d’aventure teintés de contenu scientifique ? C’est aussi un auteur à la production plus complexe et plus importante. Il est de plus en plus lu, relu et analysé. C’est encore aujourd’hui l’auteur français le plus traduit à l’étranger ; seule Agatha Christie le dépasse en Europe.Sa vie s’est déroulée en 3 lieux essentiels : Nantes, Paris et Amiens. Il a aimé aussi voyager, et surtout par mer, Nantes lui ayant donné le goût de la mer et de l’aventure. Il est né en 1828 sur l’île Feydeau, d’une ascendance paternelle de Paris et d’Auvergne et maternelle de Bretagne et d’Ecosse. Ses parents avaient une propriété à Chantenay, que la famille occupait tout l’été. Ses études de droit le mènent à Paris, où il aime partager la musique avec des amis et où il fait son entrée en littérature. Il écrit quelques poèmes, quelques pièces de théâtre. Admirateur de Victor Hugo, il fait aussi la connaissance d’Alexandre Dumas.Il épouse Honorine du Fraysne de Viane, à Paris en 1857 ; mais c’est à partir de 1871 qu’il vont demeurer à Amiens, d’où est originaire sa femme, et où il vivra jusqu’à sa mort en 1905. Il sera très impliqué dans la ville d’Amiens, dont il sera conseiller municipal. Mais chaque année, jusqu’à la mort de sa mère, il revient à Chantenay dans la propriété familiale.

Dès 1862, il commence chez l’éditeur Hetzel ses romans d’aventures extraordinaires, qui rencontrent rapidement un grand succès, y compris à l’étranger. Il en écrira une soixantaine, pendant quarante ans. Il adaptera au théâtre certains de ses ouvrages les plus lus.

Cela ne l’éloigne pas de la mer, qu’il aime retrouver au Crotoy, sur un bateau qu’il a acheté et nommé le Saint-Michel. Plus tard, un Saint-Michel II plus grand suivra, et au faîte de sa renommée il fera construire une goélette de 32 m (le Saint-Michel III) menée par un équipage breton, avec laquelle il ira à Alger, à Naples… Au cours de ses différents voyages, depuis l’Ecosse au nord jusqu’à l’Afrique au sud, il prendra de nombreuses notes qui alimenteront ses livres. Il aimait aussi faire des dessins au trait conservés dans ses nombreuses fiches de voyages.

Pour en savoir plus : Rubrique Wikipedia sur Jules Verne


Noëlle Ménard – L’académie littéraire de Bretagne et des Pays de Loire

Créée en 1949 sous le nom d’académie Régence par Bernard Roy et le journaliste François Lacroix, son nom sera changé en 1962 pour devenir le nom actuel. Elle a eu comme membres des auteurs comme Hervé Bazin, Serge Laforêt, Thomas Narcejac, Jean Merrien, Charles Le Pollès, Per-Jakez Hélias, Henri Quéffelec…

Cinq prix sont aujourd’hui distribués. Parmi les derniers reçus, à noter pour le patrimoine, Bernard Rio pour « Les Bretons et la mort », et, en poésie, Jean-Pierre Boulic pour la totalité de son oeuvre.

A noter le regret qu’il n’y ait actuellement que sept femmes sur 30 membres.
Parmi les activités, un café littéraire, une « dictée Jules Verne ».

Pour en savoir plus : Rubrique Wikipedia sur l’Académie


Yves Becquet – Les filières aéronautique et navale de l’industrie en région nantaise

La Chambre de Commerce et d’Industrie de Nantes-Saint-Nazaire comprend un département Industrie, Innovation, Services où se retrouvent les activités Industrie de la Mer et Aéronautique ; cette dernière activité est issue de la construction navale, lorsqu’après la guerre 39-45 un projet d’hydravion géant a été l’élément déclencheur de l’activité Aéronautique.

Le domaine naval concerne les bâtiments de guerre, les plate-formes de forage, les navires marchands, les navires à passagers…

Activité liée aussi à la mer, les EMR (Energies Marines Renouvelables) sont très impliquées dans le projet de 80 éoliennes entre La Baule et Le Croisic.
STX construit les grands navires, DCNS les frégates et bâtiments de guerre, OCEA les patrouilleurs.

L’aéronautique civile (sans militaire ni spatial) produit 30% des pièces en composite de l’Airbus A350, avec un certain nombre de sous-traitants. Ce marché est en croissance, car le trafic aérien a augmenté de 43,5% entre 2005 et 2012.

Ce domaine concerne 27.000 emplois en Loire-Atlantique, et 500 entreprises. Le montage des ensembles se fait à Toulouse, et l’habillage intérieur en Allemagne (ce dernier poste représente 70% de la valeur des avions).


Tugdual de Langlais – Jean Peltier-Dudoyer, un armateur Nantais

Jean Peltier-Dudoyer (1734-1803) est un armateur nantais né à l’île de Ré. En association avec Jean-Joseph Carrier de Montieu, fabricant d’armes pour la Manufacture de Saint-Etienne, et Beaumarchais, ils vont armer des bateaux (jusqu’à 23) au moment de l’indépendance des Etats-Unis et obtenir des indemnités importantes pour la fournitures d’armes aux Américains.

D’autres navires assureront le commerce triangulaire, passant par l’Ile Maurice.
Pour en savoir plus, consulter les sites suivants :


Michel Germain – Les grands voiliers nantais

L’arrivée de la propulsion à la vapeur au XIXe siècle va entraîner la fin des grands voiliers qui sillonnaient le monde. Les coques métalliques, malgré leur sophistication, n’auront pas suffi à conserver ce mode de navigation, et rares sont les bateaux de cent ans d’âge aujourd’hui conservés.

Si en 1600 Nantes est un port de transit qui s’adonne au cabotage, le commerce colonial se développe entre 1630 et 1670, date de la suppression des monopoles par Louis XIV. Entre 1685 et 1688 ont lieu 60 armements nantais.

Au XVIIIe siècle se développe le commerce triangulaire. 1860 verra l’arrivée du libre échange, et la Compagnie Générale Transatlantique sera créée en 1895. Le port de Nantes suit les évolutions, avec vers 1850 l’utilisation des coques en fer et l’apparition des hélices. Le chemin de fer arrive à Nantes à la même époque. La construction de navires de plus en plus grands entraîne des problèmes de difficulté d’accès au port de Nantes, d’où le creusement du canal de la Martinière entre 1882 et 1892.

La fin des grands voiliers se fait de 1880 à 1920, et les constructions navales toujours plus grandes se font désormais à Saint-Nazaire.

Quelques voiliers de l’époque survivent, et le Belem est le plus connu des derniers voiliers nantais subsistant actuellement. Un autre voilier nantais est le Suomen Joutsen (construit en 1902) et aujourd’hui visitable dans le port de Turku (Finlande)


Jakez de Poulpiquet – Le comité Anna Vreizh

Autour des fêtes du 500e anniversaire de la mort d’Anne de Bretagne, le comité a répertorié une centaine d’événements divers ; la Brière est très active dans ces célébrations historiques. En avril 2013, le comité a pris un nom français : comité Anne de Bretagne.

Il dispose de plusieurs sites internet :

Le comité est aussi très actif dans le projet de réunification de la Bretagne sur le plan administratif.


Jean-François Le Bihan – Le réaménagement territorial et la réunification de la Bretagne

C’est une question d’actualité, et aussi de dialectique, car la Bretagne n’a pas changé de surface : avant la Révolution, elle reçoit le qualificatif de province ; après la Révolution, on ne parle plus de Bretagne mais de cinq départements, ce qui n’empêche pas la Bretagne de continuer à exister. La création des régions a fait apparaître une région Bretagne qui n’est pas la Bretagne : il y a confusion, car trop de gens abrègent « région Bretagne » en Bretagne. Le nouveau découpage des régions faisait espérer un rattachement de la Loire-Atlantique à la région Bretagne, mais la volonté d’aller vite a mené à l’abandon d’une réorganisation au niveau des départements pour s’en tenir au rattachement de régions entre elles… après, tout reste possible, paraît-il. Mais si l’on supprime les départements, que peut-on encore faire ? Reste donc la solution d’une grande région Bretagne – Pays-de-Loire, de plus de 7 millions d’habitants, dont le moteur serait un axe Rennes-Nantes… Quid des autres départements, comme la Sarthe qui ne regarde que vers Paris, la Mayenne entre Rennes et Le Mans, et le Maine-et-Loire qui voudrait s’affirmer autant que l’ancienne province d’Anjou ?

Jean-François Le Bihan nous a présenté le point de vue de l’association Bretagne Réunie, qui semble bien actuellement penser que le rattachement de la Loire-Atlantique à la région Bretagne est à nouveau compromis. Et rattacher deux régions plutôt que d’avoir une région Bretagne à quatre départements pourrait ouvrir la voie à d’autres possibilités.
Cf. le site web de l’association : http://www.bretagne-reunie.org/

Le président de l’Association Bretonne cite la « lettre à la Bretagne » du président de région Patrick Massiot en date du 28 mai 2014, qu’il juge excellente ; c’est aussi l’avis de beaucoup de personnes présentes.

Lettre accessible sur le site web de la région Bretagne : (téléchargement possible en français et en breton).


Hervé Bonamy – L’enseignement catholique dans le diocèse de Nantes

En Loire-Atlantique, l’enseignement catholique gère 100.000 élèves, 49.000 en premier degré, 51.000 en second degré, plus 2800 étudiants (800 en prépa et 1700 en BTS).
Une antenne nantaise de l’UCO (Université Catholique de l’Ouest, basée à Angers) s’ouvrira en septembre 2014, avec une licence des sciences de l’éducation, ce qui complétera les autres antennes (Guingamp, La Roche-sur-Yon, Laval, Arradon).
L’ensemble des collèges et des lycées (dont 14 lycées professionnels et 11 lycées agricoles) regroupe 10.000 enseignants et personnels auxiliaires ; la direction diocésaine comprend 120 personnes ; plusieurs associations y coexistent (UDOGEC, USSEC, Mutuelle Saint-Christophe…)

La Loire-Atlantique comprend 37 à 38% de la population scolaire de la région ; en Bretagne + Pays de Loire, le pourcentage est de 25% : c’est le plus fort pourcentage au niveau français, suivi de celui du Nord. (L’Ile-de-France comprend 275.000 élèves, mais regroupe 3 académies)

Le projet pédagogique répond au besoin d’une présence de l’Eglise à côté des jeunes :
– développer, accompagner, promouvoir : oser l’expérimentation dans le champ éducatif, impulser et accompagner les changements, reconnaître et promouvoir la personne…

Le lien entre paroisses et écoles est indispensable (démarche participative, finalité éducative, communication interne et externe…

Aujourd’hui, 50% des élèves continuent leurs études après le bac. A la fin de la seconde, 29 bacs différents sont proposés. La prospective démographique du département est de 13.000 habitants supplémentaires par an, dont la moitié en immigration. Ceci est dû au dynamisme économique de l’axe Nantes – Saint-Nazaire. D’où 1000 collégiens en plus chaque année en Loire-Atlantique, dont 40% en enseignement catholique. (plus un peu autour d’Angers, très peu en Mayenne et Sarthe, un peu en Vendée).

L’enseignement catholique prend en compte la nécessité de l’ouverture à l’international :

  • plus que la langue, la capacité d’accueillir
  • le besoin d’un référentiel pour le lycée international
  • humanisme, tutelle, mobilité, charte, règles…

La dimension langue bretonne n’est pas oubliée en Loire-Atlantique : lien avec Dihun pour l’enseignement du breton (collège et lycée) à l’école Sainte-Madeleine, sur l’île de Nantes.
Rappel : la Loire-Atlantique fait partie de l’Archevêché de Rennes (province ecclésiastique).

Accès au site de l’enseignement catholique en Loire-Atlantique :


Michel Germain – Jules Rieffel et Grand-Jouan (l’école supérieure d’agronomie)

Un regard en arrière :

  • 1757 : création de la Société d’Agriculture, du Commerce er des Arts de Bretagne
  • 1763 : création d’une « Ecole d’Arboriculture »
  • 1805-1847 : construction du canal de Nantes à Brest
  • 1832-1852 : 100.000 hectares de landes défrichées ; rendement du blé : 10 hectolitres par hectare

En 1818, Antoine Saulnier de Beauregard (Dom Antoine) rachète l’abbaye de Melleray et y installe des moines trappistes, dont certains d’origine britannique, qui apportent de nouvelles techniques agricoles et de nouvelles machines (machine à battre, etc..)

Jules Rieffel était un Alsacien, né à Barr (Haut-Rhin) en 1806, qui s’est installé à Nozay en 1830.  Son souhait de faire une carrière militaire est bloqué par sa surdité due à la maladie. Il suit le cours de l’école d’agriculture de Roville (Vosges), tenue par Mathieu de Dombasle.

En 1828, il fait un stage à Verneuil près de Saumur. En 1830, le domaine de Grand-Jouan à Nozay, de 500 hectares de landes, est acheté par Charles Haentjens, né en 1790 à Nantes dans une famille d’armateurs ; Jules Rieffel s’associe au projet d’école d’agriculture de Charles Haentjens ; en 1833 est créée une école primaire d’agriculture. Jules Rieffel épouse Henriette Bourgault-Ducoudray. Avec son beau-frère Adolphe Billaut, il va créer des instruments aratoires, des machines à battre, en utilisant les connaissances apportées d’Angleterre par les moines de Melleray.

  • En 1835, première promotion de l’école.
  • En 1842, l’école devient l’Institut Agricole de l’Ouest de la France.
  • En 1847, la formation se fait en 4 ans.
  • Décret du 3 octobre 1848 : création des fermes écoles départementales.
  • En 1839, création par Jules Rieffel de la Revue Agricole de l’Ouest de la France.
  • En 1843, création de l’Association Bretonne par Jules Rieffel et Armand du Chatellier.

Jules Rieffel décède en 1886, après avoir été directeur de l’école de Grand-Jouan jusqu’en 1881. Il sera inhumé à la chapelle de Limerdin. En 1894, l’école de Grand-Jouan est transférée à Rennes (C’est aujourd’hui l’Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie de Rennes).

En savoir plus :


Sophie de Gourcy – Le tombeau des ducs de Bretagne

Professeur d’histoire de l’art, Sophie de Gourcy nous mène dans une exploration approfondie et passionnante de cette oeuvre magistrale du début du XVIe siècle très bien conservée dans la cathédrale de Nantes, qui apparaît comme un fleuron de la sculpture de l’époque. Ce tombeau commandé par Anne de Bretagne pour ses parents, le duc François II et sa femme Marguerite de Foix, fut réalisé entre 1502 et 1507 par le sculpteur Michel Colombe et l’architecte Jehan Ferréal, ainsi que par des sculpteurs venus, pour certains d’entre eux, d’Italie.

[ Lors de cette commande en effet, Louis XII est en reconquête des territoires italiens (royaume de Naples, Milan, …) et l’influence artistique italienne est alors forte en France (laquelle hébergera Léonard de Vinci vers la fin de sa vie à Amboise en 1519).]

Le tombeau de François II est un mausolée complexe réalisé en marbre de Carrare, avec au centre un sarcophage de grande taille sur lequel reposent les gisants du duc et de sa seconde femme Marguerite de Foix ; trois anges soutiennent les coussins sur lesquels reposent les têtes, accompagnant leur montée vers le ciel. Les panneaux verticaux sont ornés de fresques comportant des moines en marbre noir sur fond blanc, puis au-dessus les apôtres et les saints protecteurs des ducs, complétés par saint Louis et Charlemagne. Les pilastres de style italien qui séparent les statues symbolisent l’élan vertical des façades de la cathédrale, les couleurs des marbres utilisés sont associées aux symboles correspondants : le vert pour la renaissance, le rose pour le miracle, le noir pour la mort.

Sophie de Courcy nous présente dans le détail la symbolique du tombeau réalisé dans cette période qui combine la pensée du gothique finissant et la Renaissance qui débute : l’oeuvre est à la fois un miroir moral et un miroir historique, tous deux chargés de significations : l’amour de la Bretagne et de son peuple, le respect des devoirs incombant aux dirigeants… L’enseignement gothique par les oeuvres artistiques pratiquait l’association d’idées, comme le montrent aussi les magnifiques tapisseries de l’Apocalypse à Angers (fin du XIVe siècle) ou encore celles de la dame à la licorne réalisées à la même époque que le tombeau.

Les quatre statues des Vertus entourent le sarcophage ; dont celle de la Prudence, dont le visage apparaît comme une représentation du visage d’Anne de Bretagne : un lien familial avec la seigneurie de Vertus en Champagne justifie aussi ces représentations, et la duchesse se doit d’être un modèle de vertu. Le livre du XVe siècle nommé « le Mignon » traite des quatre vertus.

La Prudence porte un miroir (symbole de la connaissance de soi) et un compas (agir avec mesure en toute situation).

La cordelière à la ceinture rappelle l’ordre des Dames de la Cordelière créé par Anne de Bretagne en 1498. Le drapé de la statue cache un second visage à l’arrière du premier, une figure âgée représentant la sagesse, qui fait penser à Léonard de Vinci.

La Tempérance a le visage le plus doux des quatre ; La statue tient une horloge à une seule aiguille (la seconde sera inventée plus tard) ; elle sort un dragon d’une tour, symbolisant sainte Marguerite sortie du corps du dragon, protectrice des femmes enceintes.

L’horloge symbolise le temps qui passe, mais aussi le fait de savoir prendre son temps pour les bonnes décisions.

La Force est casquée et porte une cuirasse ; elle fait penser à des représentations de la carte de tarot portant son nom.

La Justice tient l’épée et un livre illustré d’une balance, souvent associée au livre (cf. latin liber pour le livre et libra pour la balance)

Les gisants sont représentés à l’âge de 30 ans (l’âge idéal pour la résurrection – les statues des saints sont réalisées devant des coquilles qui symbolisent aussi la résurrection) ; François II porte les colliers de l’ordre de l’Hermine et de celui du blé (qui symbolise le bon gouvernement de l’état) ; au pied du duc le lion symbolise la puissance tandis que le lévrier au pied de la duchesse symbolise la fidélité. La statue de saint Louis serait sans doute un portrait de Louis XII jeune, tandis que celle de Charlemagne pourrait le représenter plus âgé avec une barbe.

[A noter que Jehan Ferréal est le portraitiste officiel d’Anne de Bretagne]

Pour en savoir plus :

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